Avant de recevoir M. Mahaut, nous avons travaillé sur l'interview et nous avons préparé des questions. Nous avons aussi réfléchi à l'organisation de l'interview : organisation de la classe, quels élèves posaient des questions, quels élèves prenaient en note quelles questions...
Un grand merci à M. Mahaut qui a accepté notre invitation et qui a répondu à toutes nos questions !
Nous avons ensuite retranscrit les réponses de M. Mahaut pour les publier sur le blog.
Voici donc le travail des élèves :
1) Combien de colis avez-vous reçus ?
On a reçu 2 colis par opération. A chaque fois qu’on était à l’étranger, on en recevait 2 par personne. Il y avait le courrier avec des lettres et un ensemble de petits cadeaux pour Noël.
2) Dans les colis que vous avez reçus, qu’y avait-il d’autre que les dessins ?
Il y avait un ensemble de petits cadeaux : souvent c’était des vêtements du ministère de la défense, on avait quelques courriers pour nous souhaiter la bonne année qui suivait et on avait quelques colis alimentaires qui complétaient notre ration de tous les jours : des choses à manger comme des gâteaux.
3) Qu’avez-vous ressenti lors de l’ouverture de votre colis ?
De la joie et en même temps, on changeait un petit peu d’esprit. Quand on ouvrait un colis on se mettait un petit peu à part, on s’isolait un petit peu pour pouvoir oublier ce qu’on faisait là bas sur les théâtres d’opérations. Ça nous apportait quelque chose de nouveau, quelque chose qui arrivait et qui nous faisait du bien, on lisait quelque chose autre que notre famille et notre travail. C’était complètement différent...
4) Avez-vous répondu aux dessins que vous avez reçus ?
Non je n’ai pas répondu aux dessins que j’ai reçus. On est dans un contexte où on est là pour travailler. On n’a pas le temps parce qu’on bouge beaucoup. On n’est jamais à la caserne. On a une caserne et après on bouge beaucoup à l’extérieur. Comme on n’est jamais à l’intérieur, on ne prend pas le temps. On est contents d’avoir la lettre, on est contents de lire. Moi je sais que les dessins, je les ai accrochés longtemps dans ma chambre. Le temps passe très vite car on est là pour protéger la civilisation, on préfère privilégier cette partie là.
5) Avez-vous gardé les dessins que vous avez reçus ? Si oui, où sont-ils ?
Oui j’en ai gardé quelques uns. Ils sont ramassés dans une cantine dans mon grenier. Ça fait partie des souvenirs militaires.
6) Pourquoi avez-vous choisi d’être militaire ?
J’ai choisi ce métier pour protéger notre nation, par amour du pays. On a besoin de l’armée pour défendre nos valeurs.
7) Quand êtes-vous parti en mission pour la première fois ?
Je suis parti en mission en juin 2004.
8) Combien de temps durait une mission ?
Les missions les plus courtes duraient 4 mois. La mission la plus longue a duré un peu plus de 6 mois.
9) Etiez-vous nombreux ?
Au Liban, au dernier départ, il me semble qu’on était un peu plus de 5000 soldats sur le théâtre. Ça comprend du soldat jusqu’à l’état-major. On était à peu près 3000 militaires et le reste c’était des personnes qui étaient là pour faire de l’administratif : les papiers et les dossiers.
10) Dans quels pays êtes-vous parti ?
Mon premier pays c’était la Guyane. Après je suis partie en Côte d’Ivoire, après je suis reparti en Guyane. Et j’ai fait trois fois le Liban : pour un total de 14 mois au Liban.
11) Comment viviez-vous le fait d’être loin de votre famille ?
Comme c’est notre métier, on est formés pour ça, on sait qu’on part pendant 4 mois donc on se coupe un petit peu du monde. On se met dans notre bulle pendant 4 mois, d’où l’importance des petits mots qu’on reçoit. On sort de cette bulle quand on a des petits mots et qu’on lit quelque chose d’autre que nos habitudes. C’est très important ces petits moments là. On ferme les yeux un peu sur ce qu’on a autour, on est là pour travailler. On se met à fond dans notre travail.
12)Combien de temps êtes-vous resté militaire ?
Je suis resté 10 ans et 9 mois militaire. Je crois même qu’il y a 10 jours. L’armée c’est quelque chose qui est très structuré, tout se compte.
13)En quelle année avez-vous arrêté d’être militaire ? Et pourquoi ?
J’ai arrêté le 1er mai 2014. Je me suis arrêté déjà pour me rapprocher de ma famille, pour pouvoir revenir ici dans ma région natale. Comme je suis normand, je voulais revenir ici. Ma base était basée en Picardie.
14)Qu’avez-vous ressenti lorsque vous vous êtes désengagé ?
C’est difficile à dire, j’ai toujours des contacts avec les collègues, on s’appelle régulièrement. On a vraiment un contact régulier : on travaille ensemble pendant des années, on fait tout ensemble. On est toujours à deux ou à trois. On dort ensemble, on mange ensemble, on vit ensemble, on fait tout ensemble. C’est encore même plus fort que des frères et sœurs. Quand je suis parti, je n’ai pas vraiment arrêté, on voit des collègues de travail régulièrement. On a toujours un peu notre esprit militaire.