Les plaidoiries en 2H

Sur le modèle de la plaidoirie vue en classe et analysée, les élèves devaient choisir un sujet en lien avec les droits de l'homme qui leur tenait particulièrement à coeur, et rédiger une plaidoirie en tenant compte des règles suivantes :

1) Début original et / ou percutant 

2) Présence d'un plan, discours bien structuré,

3) Utilisation d'au moins 5 figures de style différentes ( ex : comparaison, métaphore, antithèse, interrogation rhétorique, hyperbole)

4) Recherche de faits précis sur internet concernant votre sujet et reformulation des informations

5) Fin percutante et / ou originale

6) Implication du locuteur (celui qui dit "je") et apostrophes (adresses, interpellations de l'auditoire)

Cicéron

Cicéron (Ier siècle av. JC) : le plus grand orateur romain

 

 

Phoolan Devi - Babelio

Phoolan Devi, morte assassinée en 2001

Non au mariage forcé des jeunes filles en Inde !

 

   Elle s’appelle Rekha, elle a 11 ans. Aujourd’hui elle a honte de sa famille et de son pays. A-t-elle commis un acte grave ? Un délit ? Non, rien de cela. Elle a simplement osé dire NON. Non à un mariage forcé, NON à son mariage forcé. Rekha a eu le courage de s’opposer à une tradition ancestrale qui veut que les jeunes filles se marient très tôt en Inde. Mais ses parents n’ont pas accepté sa décision, elle a alors été privée de nourriture et d’eau durant plusieurs jours, mais Rekha a su résister.

   Je vais maintenant, Mesdames et Messieurs, vous exposer la situation actuelle du mariage forcé en Inde et ses conséquences. En 1948, l’article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme proclame que « les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Or, pourquoi, plus de 70 ans après, dans certains pays, existe-t-il encore des pratiques contredisant ces principes ? Pourquoi une jeune Française a-t-elle la chance de se marier avec la personne de son choix alors qu’à quelques heures d’avion de Paris, la situation est si différente ?

   Comme Rekha, des milliers de jeunes filles, vivant dans des régions reculées d’Inde telles que le Bengale occidental, sont obligées de subir cette malheureuse coutume , et ce, dès leur plus jeune âge. Il y a 10 ans, 47 % des jeunes filles se mariaient avant 18 ans. Aujourd’hui, c’est le cas de 27% d’entre elles, ce qui représente ½ million de femmes. Savez-vous combien de filles mineures se marient avant 18 ans au Bengale occidental ? 80%. 80%, ce chiffre ne vous choque-t-il pas ? De plus, elles doivent travailler dans des rizières dès l’âge de 7 ans pour moins d’1 euro par jour, les jeunes filles ne vont donc pas à l’école, elles sont analphabètes. La raison principale est avant tout économique. Une fillette coûte cher à la famille, il faut la nourrir… alors la marier est une solution pour faire des économies.

   D’ailleurs une mère de famille, Pooja, témoigne de cette pratique en expliquant « dès que je peux payer la dot, je vais marier mes filles, ça me fera économiser de l’argent, et surtout, quand elles seront mariées, je n’aurais plus de responsabilités ». Un mariage forcé peut avoir lieu également en raison d’un manque d’éducation. Mais que dit la loi par rapport à ces mariages forcés ? Le mariage d’enfants est illégal en Inde depuis 1929 par une loi intitulée « child marriages Restraint Act », les femmes doivent donc avoir 18 ans pour pouvoir se marier, et les hommes 21 ans. C’était déjà une avancée très importante à l’encontre du mariage forcé. Ensuite, le 4 avril 2006, la loi a été actualisée : les parents ou époux plus âgés que les jeunes filles risquent alors jusqu’à 2 années de prison pour avoir organisé ou autorisé des mariages ne respectant pas la loi. Et enfin, en 2018, la cour suprême indienne a jugé que l’acte sexuel avec une femme mineure était considéré comme un viol.

   Malheureusement, Mesdames et Messieurs, ces règles ne sont pas respectées parce que la coutume ancestrale du mariage forcé prend le dessus sur les lois. A votre avis, combien de personnes défiant ces lois ont été poursuivies en justice ? Seulement 11 en 2013 ! Seulement 11 personnes sur des milliers de cas avérés ! Or, malgré la mise en place de ces lois, d’après la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, article 16, alinéa 2 : « Le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux.» Alors qui se permet de décider de l’avenir des jeunes filles à leur place ? Qui se permet de les priver d’une éducation ? Vous allez évidemment me répondre que ce sont les décisions de leurs parents mais voyons, quels parents aimant ses enfants se permettent de décider de la vie de leurs filles, de briser leur rêves, leurs envies…

   De plus, les mariages forcés maintiennent les filles dans leur statut inférieur à l’homme et ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté. Il s’agit d’une situation injuste et d’un énorme potentiel perdu pour le développement des communautés et des pays. Le mariage forcé porte atteinte aux droits de l’Homme, il viole le principe de liberté et d’autonomie des individus. Une fois mariée, une fille est considérée comme adulte et elle est prise en charge par son mari. Elle ne peut donc plus aller à l’école. Les tâches domestiques et l’éducation des enfants ne lui en laissent pas le temps. Les jeunes filles ne sont plus libres, elles sont soumises à leurs maris et aux tâches quotidiennes. Elles deviendront de véritables esclaves et le pire de tout c’est qu’elles seront battues par le mari ou les beaux-parents si leur besogne n’est pas suffisamment bien exécutée. Pourtant, l’éducation des filles est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté. Une fille instruite met au monde moins d’enfants et, sensibilisée à l’importance de l’éducation, elle veille à ce qu’ils aient une éducation de qualité et lutte ainsi contre le mariage forcé.

    Certaines n’ont alors pas la force ni le courage de supporter cette misérable vie. Elles en arrivent à la solution la pire qui soit : le suicide. C’est honteux pour des enfants innocentes et je dirais même criminel de les pousser à cette extrémité. Les jeunes filles ont également des obligations en tant qu’épouses telles que les tâches domestiques et l’éducation des enfants. Elles tombent enceintes très jeunes ce qui peut avoir des conséquences graves pour leur santé, notamment des risques liés aux grossesses précoces (première cause de mortalité chez les jeunes filles de 15 à 19 ans), mais aussi au VIH car, même si une fille a la chance de recevoir une éducation sexuelle, elle est rarement en capacité de négocier des relations sexuelles protégées.

   Certes, Mesdames et Messieurs, les familles de ces jeunes filles sont extrêmement pauvres et connaissent de grandes difficultés pour survivre mais cela ne peut en aucun cas constituer des circonstances atténuantes concernant cette pratique. Une telle situation peut-elle perdurer dans un monde où l’on met en évidence les droits de l’homme et les droits des enfants ? Je me permets d’insister sur ce problème car il faut agir, et vite ! C’est pourquoi un peu partout en Inde quelques lueurs d’espoir semblent se dessiner.

   Revenons pour cela au cas de Rekha, la petite fille qui a osé dire NON. Pourquoi a-t-elle prise la décision de renoncer à son mariage ? Tout simplement parce qu’elle souhaitait pouvoir poursuivre ses études et ne pas tomber enceinte jeune, mais surtout parce qu’elle a assisté au calvaire de sa sœur qui, à douze ans, était déjà mariée et avait donné naissance à quatre enfants mort-nés, cela a terrorisé Rekha. Mesdames et Messieurs, imaginez-vous un instant ce qu’elle a pu ressentir lorsqu’on lui a annoncé qu’elle se marierait prochainement, à l’âge de 11 ans.

  Courageuse, Rekha se bat aujourd’hui contre le mariage forcé. Elle voyage de village en village pour expliquer à tous les hommes et aussi aux parents des jeunes filles, que se marier si jeunes est très dangereux pour leur santé et pour la vie du bébé. A l’âge de 17 ans, Rekha a été invitée par la présidente de la République Indienne qui soutient son combat pour faire appliquer la loi contre le mariage forcé. Elle a également eu le soutien d’une fondation qui lui a donné une bourse de 115 euros pour pouvoir poursuivre ses études et se payer des cours d’informatique. Durant son combat, elle a reçu des menaces mais depuis qu’elle le mène, plus AUCUNE mineure ne s’est mariée dans le Bengale occidental.

  Mais Rekha n’est pas seule à s’engager dans cette lutte : de nombreuses organisations s’efforcent d’apporter des solutions à ce douloureux problème. Grâce à l’UNICEF (Fond des Nations Unies pour l’Enfance) de nombreuses écoles ont vu le jour dans des zones rurales reculées. Un autre organisme, le PADEM (Programme d’Aide et de Développement destiné aux Enfants du Monde) s’est penché sur ce problème. Ainsi en juillet 2015, à Kiru dans la province du Rajasthan, au nord-ouest de l’Inde, le PADEM inaugurait en présence des autorités un pensionnat permettant de scolariser 75 jeunes filles tous les ans, leur évitant ainsi d’être mariées selon la coutume locale.

   Je souhaiterais également vous parler d’une autre jeune fille : Phoolan Devi, qui était une parlementaire indienne. Née au sein d’une basse caste, Phoolan a grandi dans la pauvreté et subi des châtiments dès son enfance. En 1974, à l’âge de 11 ans, Phoolan est mariée par ses parents à un cousin de 33 ans. Selon la coutume, les fillettes mariées jeunes ont le droit de rester dans la maison de leurs parents jusqu’à l’âge de 16 ans. Malgré cela, les familles passent un accord selon lequel elle s’installe dans la maison de son mari immédiatement. Elle est aussitôt employée comme esclave domestique devant assurer des tâches domestiques épuisantes pour son âge. Son mari la bat et la viole pendant des mois, avant que ses parents ne la récupèrent.

   A partir de ce moment là, Phoolan ne cessera de lutter contre l’injustice et de protéger les plus faibles. Il y a eu, en quelques années une prise de conscience, mais il ne faut pas s’arrêter de lutter contre le mariage forcé pour que cette pratique soit définitivement interdite.

   J’espère que cette plaidoirie vous a touché. Moi, en tant que jeune fille vivant librement, ayant le droit de m’exprimer, le droit d’avoir une éducation… je ne peux que défendre ces jeunes, contraintes et forcées d’accepter un mariage qu’elles ne souhaitent pas.

Laure G.

 

 

Tentes  de l'association" Les Enfants de Don Quichotte", au bord du Canal Saint-Martin (Paris)

 

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs,

2 000, c’est le nombre de sans-abris qui décèdent, chaque année, en France. 

Qui?

Selon l’INSEE, les personnes sans domicile fixe en France peuvent être des sans-abri, mais également des résidents en habitations de fortune, en hébergements collectifs, en hôtel, en CADA (centre d’accueil pour demandeur d’asile) ou hébergés dans un logement associatif à titre temporaire. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des nourrissons. 

Combien ?

En France, selon la fondation Abbé-Pierre, 3,6 millions de personnes sont soit privées de domicile personnel (soit 895 000 personnes), soit vivent dans des conditions très difficiles (privation de confort ou surpeuplement) (soit 2 880 000 personnes), soit sont en situation d’occupation précaire (hôtel, caravanes…) soit 1/19 de la population française. De plus, il est difficile de ne pas en sous-évaluer le nombre réel, en effet, il est dur de détecter toutes les personnes dans cette situation. 33 000, c’est le nombre de personnes vivent en France « entre la rue et les dispositifs d’accueil d’urgence ». Cette population est essentiellement  masculine (83%), urbaine et francilienne à hauteur d’un tiers (36%). Outre ces personnes sans domicile, d’autres sont privées de logement personnel : en 2006, 38000 personnes vivaient à l’hôtel (dont 20% de moins de 20 ans) dans des conditions médiocres, souvent sans sanitaire ni cuisine. En 2012, l’Insee comptabilise 142 500 personnes sans domiciles fixe. 1 femmes SDF sur 3 à Paris est accompagnée d’enfants, avec ou sans conjoint. 

Comment ?

Perte d’emploi, faillite, pauvreté, divorce, être sans papier, fragilité émotionnelles, il y a de nombreuses causes qui peuvent rendre une personne SDF. C’est Anne Lorient qui m’a sensibilisée à ce problème en racontant dans son livre mes années barbares,  comment elle est devenue sans abri pendant 17 ans. Je l’ai rencontrée et elle m’a raconté comment elle s’est fait violer quand elle avait 6 ans, par son frère et les amis de son frère, jusqu’à ses 16 ans, à ses 18 ans elle fuit la maison familiale pour Paris, mais malheureusement elle n’arrive pas à s’adapter, elle se retrouve alors a la rue ou elle se fait directement violer. « T’es moins chère qu’une pute, parce qu’une pute, j’suis obligé de la payer alors qu’une femme SDF, je peux la violer comme je veux » lui dira un homme et, au final, elle aura été violée plus de 40 fois et bien qu’elle n’ait pas été consentante et qu’elle n’y pouvait rien, parce que oui elle n’y pouvait rien, et bien, entre le violeur et elle, c’est elle qui se sentira le plus coupable, elle se dira que c’est de sa faute.

Vous trouvez ça normal, vous ? Elle m’a raconté comment c’était dans la rue, elle m’a dit qu’elle a dû survivre, se battre, se laver, si on peut le dire, dans des squares tôt le matin, qu’elle a dû se forger un instinct de survie et un mental. Anne aura accouché de son première enfant dans la rue, enfant sûrement si je puis me permettre, issu d’un viol, cette enfant vivra ses 3 premières années dans la rue, dans le froid, sous la pluie, la pollution, la faim, le manque d'hygiène, la canicule en été, etc., c’est seulement  lors de sa deuxième grossesse qu’une assistance sociale d’une association lui vient en aide et lui trouve un logement dans un HLM.

Les droits de l’homme n’ont-ils pas été créés pour justement éviter que des êtres humains se retrouvent dans cette situation ?

- Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne, hors dans la rue ou même dans les logements sociaux, cette sûreté n’est pas assurée, à cause du manque d’hygiène, il y a des possibilités de tomber malade ou encore de se faire agresser.

- Article 6 : Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique. Or, le fait d’être à la rue, sans logement, peut créer une perte de confiance et de dignité. De plus, lorsque l’on est sans-abri, on peut être victimes de discriminations.

Émilie, 56ans, était patronne d’une société d’Edition pour enfants à Paris. La faillite de son entreprise et sa chute personnelle qui a suivi l'ont laissée SDF pendant un an et demi. Émilie connaît le moment précis où sa vie a basculé, l'instant exact où elle a compris que tout venait de changer. C'était à Paris, devant le guichet d'une de ces administrations qu'elle courait depuis des mois, à la recherche d'une bouée qui aurait empêché la déconfiture de son entreprise et l'aurait sauvée du naufrage personnel. Ce jour-là, l'administrée au regard bleu gris, pâle comme les cieux de son Nord natal, a tâté ses poches et réalisé, ébahie, qu'elle ne disposait pas des 20 centimes nécessaires à la photocopie exigée pour son dossier du jour. Ni sur elle ni chez elle. Le guichetier, en face, n'a pas compris tout de suite. Il a pensé qu'elle n'avait pas la motivation, puis lui a indiqué la machine qui permet de changer les billets en monnaie. Émilie a dû répéter plusieurs fois : « Monsieur, je ne peux pas. Je n'ai PAS 20 centimes. » Voilà. Cette petite femme à la mise BCBG pas clinquante, petites lunettes discrètes et coupe courte de quinqua lambda, venait de passer de l'autre côté de la société. Et ça ne se voyait pas. Parce que dans une société comme la nôtre, l’image c’est important, Émilie a voulu garder sa dignité, pour vous dire que lorsque l’on est SDF, on a honte ! Honte d’une situation qu’on ne choisit pas, qu’on ne peut pas contrôler.

Prenons à présent la crise sanitaire du covid-19 que nous vivons actuellement. Comment rester confiné lorsque nous n’avons pas de chez soi ? Comment se nourrir lorsque notre seule source de revenu, sont les pièces que nous donnent les passants dans les rues, ces mêmes passants qui sont confinées chez eux ? Malgré les différentes associations qui tentent de les aider en leur apportant à manger et parfois un minimum d’hygiène, leurs situations restent tout de même déplorables, les rendant encore plus vulnérables qu’ils l’étaient avant aux différent virus.

                                                    Laurène C.

   Idées noires » de Franquin - Collège Maxime Javelly à Riez                               

Franquin, Idées noires, "Il ne faut pas confondre pâle capitaine et peine capitale"

La peine de mort (existe encore)

« Please, don’t kill my brother ! S’il vous plaît, ne tuez pas mon frère ! »

Plus de vingt ans après, Lindy Lou se souvient encore des cris poussés par la sœur du condamné. C’était en 1994. Dans l’État du Mississippi, aux États-Unis. Lors du procès de Bobby Wilcher, l’homme en question.

Il y a plus de vingt ans, Lindy Lou a été nommée membre d’un jury populaire de douze citoyens, pour le procès de l’homme qui a commis le double-meurtre de deux femmes. Elle  a fait  son devoir ; aux États-Unis, être juré est un devoir civique obligatoire.

Il y a plus de vingt ans, Lindy Lou, qui soutenait sans sourciller la peine capitale, a condamné à mort Bobby Wilcher. Parce que la défense de l’accusé s’est révélée incapable de produire la moindre circonstance atténuante, cette seule solution s’offrait aux jurés. Ils ont été unanimes.

Mais cette décision hante encore Lindy aujourd’hui, alors que Bobby Wilcher a été exécuté, par injection létale, le 18 octobre 2006. Non, comme vous l’aurez constaté, il n’a pas été exécuté dans les plus brefs délais… Il lui a fallu attendre… Douze ans… Douze ans dans les couloirs de la mort… Douze ans d’isolement, dans une cellule de moins de 5 m², dans un état d’anxiété permanent, d’incertitude, quant à la date de son exécution. De son dernier jour sur Terre.

Mais il lui a fallu 11 minutes pour mourir.

Aujourd’hui, Lindy culpabilise. Elle est rongée par les remords. Ce procès est un traumatisme dans sa vie. « Qui suis-je pour juger ? Qui suis-je pour retirer la vie d’un homme ? », se demande-t-elle encore.

Voilà un exemple concret d’application de la peine de mort.

Et voyez le résultat, Mesdames et Messieurs, à part avoir enlevé la vie d’une personne, qui a, certes, elle-même commis un crime, à part avoir bouleversé la vie de Lindy… Il n’en est rien.

« Ma mère raconte seulement qu’il rentra en coup de vent, le visage bouleversé, refusa de parler, s’étendit un moment sur le lit et se mit à vomir. Il venait de découvrir la réalité qui se cachait sous les grandes formules dont on la masquait. ». Telles ont été les réactions du père d’Albert Camus, alors défenseur de la peine capitale, quand il a assisté à l’exécution d’un condamné.

Difficile de croire que la peine de mort apporte « la paix, l’ordre, ou encore la sécurité », comme on l’entend. Il n’en est rien. Elle ne fait que de renverser les cœurs.

Alors, à ceux, qui pensent qu’il faut mieux exécuter quelqu’un plutôt que de l’enfermer à vie, je leur ferai remarquer que chaque jour, chaque heure, chaque minute, des hommes et des femmes, des mineurs même, attendent leur exécution dans les couloirs de la mort. D’ailleurs à la fin de l’année 2018, au moins 19 336 personnes attendaient leur mort. Cela leur inflige une terrible cruauté physique et psychologique. Tandis qu’un prisonnier, lui peut espérer une réinsertion, ou espérer être disculpé s’il est plus tard, reconnu innocent.

À ceux qui pensent que la peine de mort réduit la criminalité, les violences, je leur répondrai que

NON, il n’existe aucune preuve crédible, que la peine capitale soit plus dissuasive qu’une peine d’emprisonnement. Dans les pays ayant aboli la peine de mort, les chiffres relatifs à la criminalité n’ont pas augmenté. Dans certains cas, au contraire, ils ont même baissé. Prenons l’exemple du Canada, où le pourcentage d’homicides a diminué de 52 % depuis l’abolition de la peine de mort en 1976.

À ceux qui pensent que les victimes et leurs familles ont le droit à la justice, je leur dirai que OUI, elles en ont le droit, mais NON, exécuter une personne parce qu’elle a pris la vie de quelqu’un d’autre, n’est pas juste. C’est une vengeance. De nombreuses familles ayant perdu un être cher affirment que la peine de mort ne permet pas réellement de soulager leurs souffrances. La peine de mort ne fait qu’étendre la souffrance de la famille de la victime et de celle du condamné. Comme disait Victor Hugo, « La société ne doit pas punir pour se venger ; elle doit corriger pour améliorer. ». Toute société qui exécute des délinquants se rend responsable de la même violence que celle qu’elle condamne.

Enfin, à ceux qui croient qu’il existe des méthodes d’exécutions rapides, humaines et indolores, je leur dirai que TOUTE MÉTHODE D’EXÉCUTION EST INHUMAINE. L’injection létale est présentée comme « un peu plus humaine » parce qu’en surface tout au moins, elle semble moins grotesque et barbare que d’autres méthodes comme la décapitation, l’électrocution, le gazage ou la pendaison… Mais au final, l’injection létale est aussi cruelle que toutes les autres méthodes, et elle est loin d’être infaillible. En principe, une injection létale consiste à injecter trois produits successivement dans les veines du condamné : un anesthésiant, un paralysant et un dernier qui provoque l’arrêt de son cœur, sans conscience et sans douleur. Une exécution par injection létale doit normalement durer entre 10 et 15 minutes. Il a fallu 1 heure et 57 minutes à Joseph Wood, un condamné à mort de 55 ans, pour succomber à l’injection qui lui avait été administrée. Presque 2 heures d’agonie, de convulsions, de souffrances.

Imaginez-vous… Imaginez vous… innocent. Malheureusement, vous êtes le seul à le savoir. Ou presque. Vous vous appelez George Stinney Jr. Nous sommes le 23 mars 1944, dans la Caroline du Sud, aux États-Unis, dans un contexte de ségrégation raciale, et vous êtes un jeune petit garçon, noir, et vous avez 14 ans au moment des faits. On vous accuse d’avoir assassiné deux petites filles , blanches, de 7 et 11 ans. Pourquoi vous accuse-t-on ? Parce que les corps des fillettes ont été retrouvés non loin de votre maison, et vous êtes l’une des dernières personnes à les avoir vues vivantes. Alors, la police vient vous chercher, on vous arrache à votre famille, vous êtes transporté au poste, on vous force à avouer, alors que vous êtes un innocent, qu’il n’y a aucune preuve formelle qui permet de vous accuser, et qu’aucun membre de votre famille n’est autorisé à témoigner. Il n’a fallu que 10 minutes au jury, exclusivement composé de blancs, pour décider de votre sort : vous êtes condamné à mort. 16 juin 1944. Après 80 jours de détention, on vous conduit dans la salle d’exécution, jusqu’à la chaise électrique. En raison de votre petite taille, une Bible est placée sur la chaise pour que les sangles puissent vous tenir. Lorsque la décharge de 2400 Volts est déclenchée, le masque, qui cachait votre visage, tombe. On regarde, sans scrupule, votre visage, vos larmes, votre corps convulsant de douleurs… Après 4 longues minutes, en vain. Comme des milliers d’afro-américains avant vous, votre seul sort était d’être une personne noire, innocente.

Cela vous paraît-il juste de retirer la vie à un innocent ? Arriveriez-vous à accepter qu’une personne que vous aimiez, que vous estimiez soit décédée « par erreur » ? Chacun d’entre nous sait que NON.

En somme, la peine de mort n’est qu’un assassinat étatique, un meurtre prémédité par l’État. C’est un châtiment cruel, inhumain et dégradant. Comme la torture, l’exécution est une agression physique et mentale, poussée à l’extrême. La cruauté de la peine de mort, c’est non seulement l’exécution elle-même mais aussi l’attente qui la précède, pendant laquelle le prisonnier est confronté en permanence à la perspective de la mort.

La peine de mort est une peine immorale, ou du moins inutile, parce qu’elle ne répare rien, car malheureusement la mort du meurtrier ne rend point la vie à la victime.

L’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme proclame que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

L’article 5, lui dit que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

La peine de mort constitue donc une violation aux droits humains.

Actuellement, 54 pays  appliquent encore la peine de mort. Dans cinq d’entre  eux, se déroulent  95 % des exécutions dans le monde. Il s’agit de l’Arabie Saoudite, la Chine, les États-Unis, l’Iran et le Pakistan.

En 2018, au moins 690 exécutions ont été recensées. C’est encore de trop. La peine de mort ne devrait plus exister.

Luttons contre la peine de mort, luttons pour son abolition. Luttons pour que cette sentence abominable et inhumaine soit éradiquée dans le monde entier, en suivant le chemin de nos aînés, comme Camus, Hugo, ou Robert Badinter qui ont œuvré pour l’abolition de la peine capitale en France.

À présent, c’est à nous de continuer le combat.

Aussi, j’aimerais finir avec cette citation de Victor Hugo qui disait : « Ne connaîtrait-il pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste que celui-là:concourir à l’abolition de la peine de mort... ».

Marie C.

 

Non aux persécutions religieuses !

 

Il s'appelait Rashid Ahmed, il avait 18 ans, et il est mort assassiné. Avait-il fait quelque chose de mal, non ! Il avait juste une religion différente de celle de la majorité de la population de son pays. En effet, Rashid était musulman dans un pays où la plus grande partie des habitants est bouddhiste, le Myanmar (ou la Birmanie). Il appartenait donc à cette minorité appelée, les Rohingyas. Il faisait partie des persécutés par les autorités de son pays. En effet, ils sont traités comme des personnes inférieures : ils ont moins de droits, moins de privilèges et se font massacrer par les autorités et par les bouddhistes extrémistes qui les exécutent sans aucune pitié. Rashid, afin d'échapper à un tel massacre, s'est enfui avec tous les Rohingyas de son village. Réfugiés sur une plage, ils ont installé une bâche pour être un minimum protégés du temps ayant tout perdu car on avait brûlé leurs domiciles. Et, plus tard, les autorités sont venues dans leur campement et ont désigné au hasard 10 personnes parmi les 300 réfugiés pour les exécuter. Rashid faisait partie de ces malheureux.

Il faut savoir que les Rohingyas n'ont pas les mêmes droits que le reste de la population et font face à de nombreuses inégalités. Par exemple, on leur refuse l'accès aux études, le droit à l'emploi, à la santé et à la nationalité. Ces droits leur ont été retirés sous prétexte qui n'appartenaient pas à l'ethnie majoritaire du pays, fait de leur religion musulmane. Ainsi, en 2016 et 2017, 750 000 Rohingyas ont été expulsés du Myanmar vers le Bangladesh par les autorités avec une extrême violence. Ces mêmes autorités ont été accusées d'actes de meurtres, de viols et de destruction de maisons. Selon l'ONU, les Rohingyas serait la population la plus persécutée au monde !

Je vais dès à présent, vous présenter la situation des minorités religieuses. En 1948, l'article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme déclare que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de son choix ». Or, pourquoi quelques années après, dans certains pays, les populations ayant une religion différente que celle des dirigeants se retrouvent persécutées. Ces pays violent donc l'article 18 ! Pour quelles raisons / Au nom de quoi dans ces pays, certaines personnes n'auraient-elles pas les mêmes droits que les autres ?

Cependant, une lueur d'espoir est apparue pour les Rohingyas lorsque leur pays, le Myanmar, Aung San Suu Kyi gagne les élections et arrive à la tête de son pays. Figure de l'opposition non-violente à la dictature militaire du Myanmar, elle a reçu le prix Nobel de la Paix en 1991. Malgré cette élection, ils ont été bien déçus car leur situation ne s'est pas améliorée pour autant. Pourtant non-violente, elle a laissé le peuple des Rohingyas se faire massacrer lors d'« exactions de l'armée birmane » en 2016. Face à sa passivité lors de cet événement tragique, elle a fait l'objet de nombreuses critiques et son prix Nobel a été fortement critiqué.

Pour finir, j'ajouterais que ni les innombrables indignations des Occidentaux ni l'indifférence des pays arabes, ayant pourtant la même religion que les Rohingyas, n'a fait évoluer leur situation. Les droits humains sont indivisibles, et toutes les minorités religieuses doivent pouvoir compter sur la protection non seulement des états ayant la même religion qu'elles, mais aussi de tous les États qui se disent défenseurs de ces valeurs et qui se prétendent garantes de leur respect.

Armel C.